Faut-il continuer à marcher sur la tête ?

Publié le par François Cordelle

Faut-il continuer à marcher sur la tête ?

Grâce à une gestion rigoureuse de ses investissements, EDF a obtenus de très bons prix de revient qui lui ont permis d'avoir les tarifs d'électricité les plus bas d'Europe. La nationalisation exigée par Bruxelles d'une part, et les financement abusifs des énergies renouvelables mis à sa charge d'autre part, contribuent à une hausse des tarifs et mettent EDF dans une position financière délicate.

 

Avant, il y avait EDF et GDF, deux entreprises nationales à caractère industriel et commercial, sous contrôle d'un ministère de tutelle de l'Etat.

Ces deux établissements construisaient, respectivement, les installations de production, de transport et de distribution de l'électricité et du gaz, en assuraient l'exploitation technique et commerciale, et avaient chacun ses propres moyens d'étude et de recherche nécessaires.

Cependant, le Statut du Personnel des Industries Electrique et Gazière étant unique, il n'y avait qu'une seule Direction du Personnel, comme d'ailleurs pour tous les services décentralisés de la Direction de la Distribution (notamment les relevés des compteurs), pour des raisons évidentes d'économie.

 

Cette situation était le résultat, en particulier pour l'électricité, du regroupement des principales sociétés privées existantes en vue d'une harmonisation nécessaire. Le développement des ressources hydrauliques, des centrales thermiques et du réseau d'interconnexion, puis la mise en œuvre du parc de centrales nucléaires, ont abouti à un ensemble bien équilibré qui fonctionnait parfaitement bien, délivrant avec un minimum de coupures aux consommateurs, une électricité bien régulée en fréquence et en tension, à des tarifs très inférieurs à ceux des autres pays européens.

EDF avait un monopole de fait pour la commercialisation de l'électricité, même si d'autres organismes avaient leurs propres moyens de produire de l'électricité (Les Charbonnages de France, la Compagnie Nationale du Rhône, l'Electricité de Strasbourg, et diverses régies municipales, injectaient l'électricité produite sur le réseau), mais sa politique tarifaire a toujours été en tant que service public, de fournir à ses usagers une électricité de qualité garantie au meilleur prix et non pas de réaliser des bénéfices au profit d'actionnaires, ce qui faisait l'objet du contrôle de l'Etat.

 

Seulement, voilà ! L'Europe n'a pas accepté la position « dominante » d'EDF et GDF par rapport aux autres sociétés d'électricité et de gaz européennes, et a imposé la privatisation d'EDF et de GDF pour permettre d'instituer une saine concurrence au niveau de l'Europe, seule garante à ses yeux de la non élévation des tarifs. Comme l'avait prédit le président d'EDF, cela a posé plus de problèmes que cela n'en a résolu, et les tarifs ont augmenté. En restant tout de même les plus bas d'Europe.

 

Aujourd'hui, devant la création de multiples organismes s'interposant entre les producteurs et les usagers il est impossible de voir clair dans la tarification de l'électricité ; d'autre part, la multiplication sauvage des installations d'éoliennes et de panneaux photovoltaïques subventionnées, assorties de l'obligation d'achat faite à EDF à des tarifs déraisonnables, pèsent lourdement sur sa situation financière.

Il est par ailleurs impossible de connaître, ni le prix de revient du kWh, ni ce que pourrait être la demande d'électricité à moyen ou long terme, et même pas à court terme !

 

Une publication de l'AFP du 23 juin 2017 fait état de la création d'une Agence de Services Numériques par plus d'une centaine de distributeurs d'électricité et de gaz (170 signatures) pour « accompagner la transition énergétique », car « il y a de plus en plus d'obligation pour les distributeurs de publier des données, de mettre à disposition des bilans ». N'est-ce pas l'aveu que la situation actuelle est vraiment trop compliquée ?

On a l'impression que l'on regrette la belle organisation du passé, que l'on s'aperçoit qu'on s'est tiré une balle dans le pied, et qu'on aurait envie d'y revenir..., de revenir à la case départ.

Comme le disait notre grand philosophe Pierre Dac :

« C'est peut-être une fausse impression, mais...on a l'impression ».

 

L'avenir n'est pas clair :

Les délais pour mettre en service des lignes de transport ou des centrales de production se chiffrant en lustres ou en décennies, il est urgent que puissent être définis :

  • D'une part, les besoins en énergie électrique compte tenu des reports prévisibles des usages de l'énergie vers l'électricité (bâtiment, transports, industrie) que préconise la transition énergétique.
  • D'autre part, les programmes objectifs à court, moyen et long terme, tant en puissance installée pour chaque type de centrale qu'en capacités de lignes de transport, en coût et en délais.

J'ajoute que ces précisions permettraient aux constructeurs intéressés de se mettre en mesure de répondre aux commandes à venir, comme on avait fait avec les contrats pluriannuels pour le centrales nucléaires.

  • Enfin, une politique tarifaire cohérente, tant pour les usagers que pour tous les organismes concurrents d'EDF qui utilisent le réseau d'interconnexion, tenant compte de la valeur de ce qu'apporte l'ensemble centrales-réseau-réserves hydrauliques pour garantir la fourniture, la fréquence, la tension et la stabilité de l'électricité fournie.

 

Sans oublier qu'une prévision trop basse coûte toujours très cher, pouvant aller jusqu'à des restrictions autoritaires, alors qu'une prévision trop haute n'a pour conséquence qu'une augmentation probable des exportations, ce qui, dans le cas de la France, est bon pour les finances, mais aussi pour la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution. Et il est plus facile de ralentir une cadence que de l'accélérer.

 

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Publié dans EDF, Energie, Climat

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