Bravo Monsieur Hulot

Publié le par François Cordelle

Bravo Monsieur Hulot

J'ai écrit naguère dans un billet, qu'il fallait avoir le courage de la vérité.

Vous avez eu ce courage, Monsieur Hulot, et je vous en félicite très sincèrement, car vous avez osé dire ce qui était un sujet « tabou », non correct politiquement, à savoir que la lutte pour le climat n'a pas comme corollaire qu'il faille réduire, sinon abandonner le recours à l'énergie nucléaire pour produire de l'électricité. Ce sont deux questions importantes, distinctes, dont il convient d'examiner et de peser les aspects techniques, financiers et politiques, positifs et négatifs, dans le court, moyen et long terme.

L'ex-ministre de l'écologie s'est scandalisée, bien à tort, de vos déclarations qui faisaient au contraire preuve d'un pragmatisme louable devant la situation alarmante des possibilités de répondre à la demande d'électricité de la France, situation révélée par la sonnette d'alarme de RTE. Elle vous a accusé de trahir sa loi sur la transition énergétique qui prévoyait la réduction à 50% de la part d'énergie nucléaire en 2025, prenant ainsi en otage la France et les français. Cette accusation n'est aucunement justifiée, ainsi que le montrent les réflexions qui suivent.

L'objet principal de la loi précitée est axée sur la lutte contre le réchauffement climatique, en visant la limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES), notamment le CO2 émis par l'usage des combustibles fossiles. Elle préconise le développement des énergies renouvelables, éolienne et solaire (malheureusement de faible puissance, aléatoires et non garanties) : ce n'est pas un but, mais un moyen. Bizarement, car les centrales nucléaires n'émettent pas de GES, la loi prévoit, mais en queue de liste, la réduction de la production de ces centrales, aggravant le problème du remplacement des centrales à combustible fossile que l'on a décidé de fermer. C'est une décision qui coûtera très cher, et qui ne va pas du tout dans le sens de la réduction des émissions de GES : Tout manque à produire d'une de nos centrale nucléaires capable de fonctionner se traduirait actuellement en Europe par la même production ailleurs, à base de lignite ou de charbon (l'exemple allemand le montre parfaitement, qui a dû construire des centrales au lignite bien qu'ayant développé un nombre considérable d'éoliennes).

Contrairement à ce qui a été affirmé, la France ne peut pas à la fois abandonner totalement les combustibles fossiles et réduire l'importance de son parc nucléaire, ce sont deux actions incompatibles. Dans le domaine de l'électricité, la transition énergétique souhaitée pour le climat a déjà été faite, à partir de 1974, et depuis bien des années, les émissions de GES de nos centrales sont quasiment nulles. Seules sont en service quelques unités utilisant des combustibles fossiles, indispensables pour pallier le caractère intermittant et aléatoire des énergies renouvelables. Dans les domaines des batiments, des transports et même de l'industrie, la lutte contre les émissions de GES conduiront certainement à un accroissement de la demande d'électricité (voitures électriques, pompes à chaleur,...). Si l'on peut espérer une réduction de la consommation d'énergie, il ne serait pas prudent de compter sur une réduction de la demande d'électricité.

Il est à la mode d'accuser les « lobbies » du nucléaire, de l'électricité....mais on ne peut pas dire qu'EDF ait nourri quelque lobby que ce soit ; son objectif n'a jamais été autre que celui de produire l'énergie dont la France avait besoin, avec des intallations sûres, au meilleur prix et à temps. Et les tarifs de l'électricité ont toujours été et sont toujours inférieurs à ceux de l'Europe, sans jamais avoir reçu de subventions de l'Etat, au contraire.
Je crains que l'absence de vision prospective du développement des énergies renouvelables, en tenant compte du coût et des résultats réels de toutes ces installations ne se traduisent par un affaiblissement significatif de la stabilité du réseau électrique. L'appel de RTE doit être entendu, d'autant plus que la situation n'est pas meilleure pour la puissance disponible en périodes de pointe (pour lesquelles nous sommes obligés d'importer une énergie sale et chère).

Là encore, la vérité est à rechercher, honnêtement.

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